Dans le secteur des services financiers, la volatilité a mauvaise presse. Pour l'investisseur moyen, elle est synonyme de risque et vous verrez souvent les deux termes utilisés de façon interchangeable. Sa réputation n'est pas entièrement sans fondement. De toute évidence, sur un horizon à court terme, un marché fébrile peut avoir des conséquences concrètes si vous devez acheter ou vendre un placement. Le cas échéant, ce qui peut sembler légèrement volatil pour un autre investisseur est carrément risqué pour vous. Cependant, la volatilité n'est pas une mesure efficace du risque à long terme.
« Leçon de sagesse » concernant la volatilité
Souvent représentée comme un écart type dans le secteur des finances, la volatilité est une mesure statistique de la fluctuation du prix à la hausse et à la baisse sur une période donnée. Les placements dont le cours fluctue rapidement et dramatiquement sont considérés comme des placements hautement volatils. Ceux dont les cours sont stables et changent rarement sont considérés comme des placements peu volatils.
La formule pour calculer l'écart type traite la volatilité d'une seule et même façon. Elle vous indique dans quelle mesure les résultats ont dévié, à la hausse ou à la baisse, par rapport à la moyenne historique. Ainsi, un placement qui a toujours enregistré des rendements positifs peut, malgré tout, afficher une volatilité élevée si ces résultats ont varié de légèrement positifs à fortement positifs. Autrement dit, la volatilité mesure la façon dont un titre se négocie et pas nécessairement le risque d'entreprise qu'il représente.
Prenons l'exemple suivant. Le titre de l'entreprise A n'affiche aucune volatilité, mais procure un faux sentiment de sécurité car, avec le temps, le cours de l'action a progressivement reculé pour s'établir à près de zéro. En revanche, le titre de l'entreprise B, dont le cours a grandement fluctué à court terme (incertitude), affiche une tendance à la hausse à long terme.
Au cœur du sujet
Qu'est-ce qui explique ces mouvements à la hausse et à la baisse? La volatilité peut indiquer que les participants au marché prennent des décisions émotives plutôt que rationnelles. L'histoire a démontré qu'à court terme, les marchés boursiers ne fonctionnent pas suivant des principes mathématiques, mais plutôt suivant une psychologie du comportement. La bulle technologique est un exemple probant où les émotions ont pris le dessus sur le jugement des investisseurs. Plus récemment, la crise de la dette souveraine a ébranlé les marchés du monde entier et a de nouveau accru la volatilité.
Cela peut devenir un cercle vicieux. Les investisseurs réagissent aux « rumeurs » à court terme comme les titres alarmants des journaux et les opinions de grands patrons du secteur, et achètent ou vendent des actions sur le coup de l'émotion. Les investisseurs réagissent alors à ces mouvements du marché, créant ainsi – vous l'avez deviné – une plus grande volatilité. Comme l'illustre le tableau ci-dessous, trop souvent le plus grand risque qui guette les investisseurs ne provient pas des forces externes, mais de leur propre comportement.
Comportement erratique des investisseurs
Les investisseurs ébranlés par la volatilité qui entrent et sortent du marché choisissent rarement le bon moment. Ce graphique illustre comment l'investisseur moyen a toujours touché une fraction des rendements enregistrés par l'indice de référence parce qu'il a acheté ou vendu ses titres au mauvais moment.
Rendements annualisés sur 20 ans par catégorie d'actif †
Une définition différente du risque
Une faible volatilité ne signifie pas nécessairement qu'un investissement est plus sûr. De même, un investissement peut être volatil sans être risqué. C'est pourquoi les investisseurs avertis ne voient pas la volatilité comme un risque. À la place, le risque devrait être vu comme une possibilité de perte en capital permanente. Autrement dit, le cours d'une action s'effondre et demeure à un niveau très bas pour longtemps, voire pour toujours.
Dans le passé, un tel événement coïncidait avec des périodes de consensus. Par exemple, dans les années 1980, les investisseurs croyaient que le Japon deviendrait la puissance mondiale. Il était à la mode de copier les Japonais parce qu'ils savaient comment diriger des entreprises. Si vous avez investi en vous fondant sur cette théorie et avez acheté les titres de l'indice Nikkei, vous n'avez toujours pas récupéré vos pertes.
Si l'on se reporte aux années 1990, tout le monde disait que les économies émergentes comme celle du Mexique connaîtraient toujours la croissance la plus rapide. La situation a changé au milieu de la décennie lors de la crise Tequila en 1994. En 1998, les marchés émergents de la Russie à l'Asie du Sud-Est se sont pratiquement effondrés.
Pendant la bulle technologique qui a suivi, les investisseurs se sont accrochés à la fausse promesse d'une croissance fulgurante des entreprises sur Internet. Ces attentes irréalistes étaient alimentées par l'« exubérance irrationnelle » du marché. Lorsque la bulle a éclaté, des milliards de dollars se sont tout simplement volatilisés.
Il n'y a pas si longtemps, les investisseurs ont perdu d'importantes sommes lors de la crise financière de 2008 en croyant faussement que l'immobilier ne pouvait que s'apprécier puisque c'était ce que tout le monde disait.
Dans toutes ces situations, les personnes qui ont suivi le consensus ont subi des pertes en capital et n'ont toujours pas récupéré leur argent. Par conséquent, il est plus prudent d'adopter la bonne vieille approche à l'égard des risques qui consiste à se poser la question suivante : Combien d'argent puis-je perdre et quelle est la probabilité que cela se produise? Le vrai risque est lié à un dérèglement des données fondamentales sous-jacentes d'un placement. Pour cette raison, une connaissance approfondie de l'entreprise est une bien meilleure façon de contrôler les risques que l'étude du cours de l'action. Cela signifie se concentrer sur les risques propres à l'entreprise, comme une plus forte concurrence, une contraction des marges, la compétence de l'équipe de direction et l'évaluation de l'entreprise par rapport à son vrai potentiel. En suivant cette approche, les investisseurs sont à même de prendre de bonnes décisions en dépit de la volatilité.
Disons que l'on demande à 100 personnes d'estimer le prix d'une camionnette neuve. La plupart d'entre eux évalueraient son prix quelque part entre 25 000 $ et 45 000 $, et ils auraient raison. Maintenant, disons que la camionnette est offerte à un prix de 200 $ à ces 100 personnes. Celles-ci accepteraient certainement toutes l'offre et aucune d'entre elles n'aurait de mal à dormir en pensant qu'elles ont payé un prix trop élevé pour la camionnette.
Imaginez qu'on demande à ces mêmes 100 personnes si le prix des actions d’une société ouverte est de 50 $, 100 $ ou 300 $ chacune. Très peu de personnes connaîtraient probablement la valeur du titre. Que se passerait-il si le cours de l'action de cette société chutait en raison de nouvelles macroéconomiques négatives qui n'ont aucune incidence sur la valeur sous-jacente de la société? Presque tous les investisseurs se précipiteraient probablement pour vendre leurs actions.
C’est pourquoi il est important pour un investisseur de connaître la valeur d’une entreprise, car il peut ainsi avoir un avantage par rapport aux autres qui ne la connaissent pas. Il faut donc se concentrer sur les risques propres à l'entreprise, comme une plus forte concurrence, une contraction des marges, la compétence de l'équipe de direction et l'évaluation de l'entreprise par rapport à son vrai potentiel. En suivant cette approche, les investisseurs sont à même de prendre de bonnes décisions en dépit de la volatilité.
Exploiter la volatilité
Maintenant, voici un exemple concret de la façon dont l'évolution à court terme de l'action peut très mal refléter les activités à long terme de l'entreprise. Le tableau suivant compare les bénéfices annuels d’une grande compagnie d'assurance de soins de santé aux États-Unis, à la fluctuation des actions de l'entreprise au cours de la même période. Veuillez noter qu'alors que les bénéfices de l’entreprise ne cessaient d'augmenter, le cours de ses actions a tout de même été assez volatil. Cependant, cette volatilité était rarement due à des facteurs de l'entreprise sous-jacente. Comme Ben Graham aimait le dire : « À court terme, le marché est comme un instrument pour voter, mais à long terme, c'est un instrument pour peser. » Avec le temps, la différence entre le cours de l'action et la valeur de l'entreprise tend à disparaître lorsque les investisseurs commencent à reconnaître sa vraie valeur. Personne ne peut dire ce qui va arriver à court terme. Le fait de détenir une participation dans une entreprise – et non pas seulement des actions – devrait maintenir vos investissements sur la bonne voie et vous permettre d'avoir l'esprit tranquille pendant les périodes de volatilité.
Volatilité du cours des actions ††
La société fait l'acquisition d'un concurrent pour un montant non divulgué.
La société augmente son programme de rachat d'actions afin d'autoriser des achats futurs.
Le scandale des annulations d'assurance prend de l'ampleur et la société est poursuivie pour avoir illégalement refusé la protection.
Le chef de la direction financière est congédié.
La société annonce des prévisions vigoureuses pour 2008. Sa position de chef de file sur le marché devrait continuer de générer une bonne croissance et de rehausser la valeur.
Les sociétés d'assurance maladie américaines « tendent à devenir un oligopole ».
Le rachat d'actions est approuvé, mais les investisseurs privilégient un dividende accru.
Accentuation des craintes macroéconomiques découlant de la crise de la dette souveraine en Europe et des inquiétudes concernant la cote de solvabilité AAA de la France.
La Cour suprême maintient le caractère constitutionnel de l’Obamacare.
La société annonce ses plans visant le remplacement de son chef de la direction.
Nomination d'un nouveau chef de la direction.
La société est acquise.
En résumé, la volatilité ne doit pas être considérée comme un risque. Elle peut sembler être un risque, mais dans les faits, elle ne présente pas un risque dans son sens propre. Le vrai risque est la possibilité de perte de capital permanente.
††Source : Bloomberg LP. Au 31 Décembre 2014.