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Actions : la solution à long terme? – 4e trimestre 2018

10 janvier 2019

Le récent contexte de faibles taux d’intérêt a poussé les investisseurs à envisager d’autres moyens de faire fructifier leurs placements que les portefeuilles à revenu fixe traditionnels. Les obligations d’État, les CPG et les comptes d’épargne à intérêt élevé ont beau générer des rendements négligeables, il n’en demeure pas moins que les investisseurs veulent des revenus.

L’un des aspects les plus intéressants de mon travail est de transmettre aux conseillers une solution pour répondre aux objectifs de placement à long terme de leurs clients. Nombreux sont les conseillers qui indiquent avoir de la difficulté à générer des revenus, et qui me disent que les catégories d’actifs qui devaient, selon eux, offrir le revenu et la stabilité associés aux obligations ne sont pas à la hauteur.

Le bon et le mauvais côté des actions

Le secteur financier a misé sur la nécessité, pour les investisseurs, d’obtenir des revenus en faisant valoir les avantages de nombreuses catégories d’actif, notamment les actions privilégiées, les obligations de marchés émergents et les stratégies à base d’options. La solution de rechange aux obligations la plus courante : les actions canadiennes qui rapportent des dividendes. Cette solution a d’ailleurs tout pour plaire. Il s’agit d’un placement qui génère des revenus et, potentiellement, qui permet d’accroître le capital. La tentation de remplacer les obligations par des actions comportant des dividendes en vue d’obtenir des rendements a été forte. Mais ces actions n’ont pas généré les rendements escomptés par la plupart des investisseurs.

Les sociétés qui peuvent se permettre de verser une part importante de leurs bénéfices en dividendes sont habituellement bien établies depuis longtemps, ce qui engendre un sentiment de sécurité. En général, l’ampleur de ces entreprises ainsi que la notoriété de leurs marques au Canada rassurent les clients. Les revenus conjugués à la perception de sécurité ont entraîné des investissements colossaux dans des actions individuelles rapportant des dividendes et dans des portefeuilles axés sur cette catégorie d’actif. Ce n’est pas parce que les clients veulent des revenus que les marchés leur en procureront. Toute solution qui génère des revenus comporte inévitablement un risque. Le risque a fait son apparition lorsque les taux d’intérêt ont commencé à monter en 2018 et a persisté lorsque la confiance a changé abruptement sur les marchés.

L’indice aristocrates de dividendes canadiens S&P/TSX est composé de titres d’entreprises dont les dividendes se sont accrus de façon stable au cours des cinq dernières années. Cet indice est calqué par plusieurs qui souhaitent investir dans des titres canadiens de qualité supérieure qui rapportent des dividendes. Malgré sa pondération élevée en actions de sociétés de secteurs perçus comme étant sûrs, comme les oléoducs, les banques et les sociétés de placement immobilier, l’indice a éprouvé des difficultés en 2018. Il a chuté de plus de 12,7 %i et si l’on inclut les versements de dividendes, le rendement total de l’indice est de plus de -8,3 %.ii Même s’il a mieux performé que l’indice composé S&P/TSX, dont le rendement global se chiffre à -8,9 %,iii j’ai peine à croire que bon nombre d’investisseurs s’attendaient à une aussi piètre performance de leur « solution de rechange aux obligations ». L’impression de sécurité a été faussée par rapport à la réalité en 2018.

Bien que 2018 ne soit qu’une année parmi tant d’autres, je crois qu’il faut souligner le fait que les actions rapportant des dividendes sont différentes des obligations. Elles occupent un rang inférieur dans la structure du capital et, encore plus important, ne présentent pas les caractéristiques qui font des obligations une catégorie d’actif intéressante. Je suis d’avis que les obligations de sociétés à rendement élevé peuvent constituer une solution de rechange attrayante aux actions assorties de dividendes pour ceux qui sont prêts à effectuer des analyses du crédit.

Les obligations à rendement élevées sont méconnues par bon nombre d’investisseurs. On entend souvent des conseillers dire d’entrée de jeu qu’ils n’achètent pas d’obligations, alors que d’autres croient qu’elles sont risquées. Les obligations à rendement élevé comportent une foule de caractéristiques intéressantes susceptibles de générer des revenus et de faire fructifier le capital dans un contexte de taux d’intérêt faibles. Elles peuvent sans contredit rivaliser avec les stratégies faisant appel aux actions rapportant des dividendes.

L’importance des dates d’échéance

L’un des principaux avantages des obligations à rendement élevé par rapport aux actions rapportant des dividendes est le paiement garanti et défini. Des coupons et des remboursements de capital doivent être versés, ce qui assure une protection aux investisseurs en période de volatilité et leur permet de tirer profit des conditions du marché.

En outre, plusieurs investisseurs croient que leurs actions rapportant des dividendes sont similaires aux obligations. Sauf qu’ils oublient un élément crucial : ces actions ne sont pas assorties d’une date d’échéance. Si tout se déroule comme prévu, l’investisseur qui opte pour des obligations à rendement élevé sait exactement quand il obtiendra le remboursement de son capital. Si le prix des obligations diminue, il peut choisir de conserver ou non ce placement en connaissant le rendement qu’il obtiendra à l’échéance. Si la volatilité s’empare des marchés, les détenteurs d’obligations à rendement élevé peuvent subir des pertes à la valeur de marché, mais généralement, comme la date d’échéance n’arrive pas immédiatement, leur placement est moins vulnérable aux fluctuations des prix qu’un placement dans des actions. Les coupons et les versements d’intérêts offrent un avantage en période de volatilité : le réinvestissement à un taux de rendement plus élevé et plus intéressant.

Les investisseurs n’ont pas la certitude de tirer un rendement des actions qui rapportent des dividendes. La plupart des sociétés qui émettent de telles actions peuvent tirer leur épingle du jeu lorsque des changements surviennent dans l’économie, mais le cours des actions peut varier considérablement.

  • Les données fondamentales de l’entreprise continueront-elles de s’améliorer, ou suivront-elles les cycles économiques?

  • Le dividende est-il garanti ou pourrait-il être réduit?

  • Le paiement de dividende vient-il pallier la contraction du ratio?

Si vous achetez une action rapportant des dividendes à prix fort, le dividende que vous recevrez pourrait ne constituer qu’un remboursement de capital et non un rendement. Laissez-moi vous expliquer.

De l’eau dans le gaz

Les sociétés du secteur des pipelines ont toujours versé des dividendes élevés à leurs actionnaires. Et elles sont certainement en mesure de le faire, étant donné qu’elle tire sa principale source de revenus de contrats. Au début de 2018, le rendement en dividende de TransCanada Corp., l’un des plus importants propriétaires de pipelines au pays, se chiffrait à un peu plus de 4 %,iv soit environ le double du rendement qu’offrait à ce moment-là les obligations à 10 ans du gouvernement du Canada (2,045 %).v Il devenait donc très tentant d’acquérir des actions de TransCanada afin d’en tirer un revenu. L’entreprise était stable et avait dans sa mire des projets pour stimuler sa croissance. Elle pouvait se permettre de verser aux investisseurs un rendement deux fois plus élevé que celui d’une obligation canadienne sans risque. Sauf qu’en 2018, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Le cours de l’action de TransCanada a chuté de presque 20 %vi en 2018, ce qui correspond à environ quatre ans de versement de dividendes. En fin de compte, cet important dividende correspond-il à un remboursement de votre capital ou à un rendement? Le temps nous le dira, mais cette situation met en lumière l’un des principaux risques qui distinguent les actions des titres à revenu fixe : la date d’échéance, qui assure la protection du capital en situation de volatilité.

L’échéance moyenne des obligations à rendement élevé est d’environ cinq ans.vii Si votre analyse de crédit était adéquate, vous connaissez le profil de rendement de votre placement au moment de l’achat et à l’échéance. Le prix peut changer en cours de route, mais votre capital est garanti à l’échéance, à moins d’une défaillance, ce qui n’est pas le cas avec les actions.

Il faut regarder l’ensemble du marché

Pour prouver que je n’ai pas choisi l’unique action rapportant des dividendes dont le cours a baissé cette année, je vous invite à observer le marché dans son ensemble. Il a mieux performé que le titre de TransCanada, mais pas beaucoup mieux. Même si, selon moi, le rendement de l’indice des obligations à rendement élevé n’a rien d’emballant, il est sans contredit plus intéressant que celui des actions canadiennes rapportant des dividendes.

Rendement sur un an
PrixTotal
Source : Morningstar Direct. Rendement de l’indice ICE BofAML US High Yield en $ US. Rendement de l’Indice aristocrates de dividendes canadiens S&P/TSX en $ CA. Au 31 décembre 2018. Les rendements sont indiqués en monnaie locale afin d’exclure l’incidence des devises. L’indice ICE BofAML US High Yield mesure le rendement des titres de créance à rendement élevé de sociétés ouvertes libellés en dollars américains et émis sur le marché américain.

2018 n’a pas été tendre à l’endroit des actions rapportant des dividendes. Mais comment se comporteront-elles par rapport aux obligations à rendement élevé si nous élargissons notre horizon?

1 an3 ans5 ans10 ans
Source : Bloomberg L.P. Rendements totaux annualisés comprenant le réinvestissement des dividendes. Rendement de l’indice ICE BofAML US High Yield en $ US. Rendement de l’indice aristocrates de dividendes canadiens S&P/TSX en $ CA. Au 31 décembre 2018.

À mes yeux, ces résultats sont des plus intéressants. Les placements dans des actions rapportant des dividendes ont souvent été encensés, malgré le fait que les obligations à rendement élevé offrent des rendements comparables sur une même période.

De plus, les obligations à rendement élevé offrent une protection en cas de baisse des cours, en occupant une meilleure position dans la structure du capital. Les investisseurs obligataires sont remboursés avant les actionnaires. Dans certains cas, les détenteurs d’actions peuvent perdre la totalité de leur capital, alors que les détenteurs d’obligations en récupèrent la totalité. On pourrait être tentés de croire qu’une créance prioritaire limite le risque de baisse du cours, mais est-ce que cela se reflète dans les données?

Moyenne des rendements par année civile

Du 31 déc. 2008 à 31 déc. 2018

Source : Morningstar Direct. Rendements totaux comprenant le réinvestissement des dividendes. Rendement de l’indice ICE BofAML US High Yield en $ US. Rendement de l’indice aristocrates de dividendes canadiens S&P/TSX en $ CA.

Moyenne de la contraction maximale par année civile

Du 31 déc. 2008 à 31 déc. 2018

Source : Morningstar Direct. Rendements totaux comprenant le réinvestissement des dividendes. Contraction de l’indice ICE BofAML US High Yield en $ US. Contraction de l’indice aristocrates de dividendes canadiens S&P/TSX en $ CA. Les baisses maximales par année civile représentent les baisses les plus importantes pendant l’année, où les cours des actions passent d’un haut à un creux pendant l’année civile.

Les obligations à rendement élevé se tirent plutôt bien d’affaire par rapport aux actions rapportant des dividendes en ce qui a trait au rendement et au profil de risque.

Les obligations à rendement élevé ne sont pas sans risque. Vous êtes d’ailleurs bien récompensés pour le risque de crédit que vous acceptez de prendre. La défaillance continuera de toucher les sociétés, ce qui peut entraîner des rendements négatifs. Les rendements susmentionnés tiennent compte des entreprises de l’indice qui ont failli à leurs obligations. Les détenteurs d’obligations à rendement élevé ont donc été largement rémunérés pour le risque de défaillance qu’ils ont pris.

Se débarrasser des poids morts : l’avantage d’investir dans des entreprises individuelles

Jusqu’à maintenant, nous avons eu recours à des indices généraux. Je suis d’avis que la gestion active des obligations à rendement élevé permet d’ajouter de la valeur. Certaines entreprises seront en défaut, sauf qu’en effectuant des analyses de crédit pour éviter les pertes découlant des défaillances et en tirant profit de la volatilité, on peut engendrer des rendements supérieurs. Le tableau donne le rendement sur 10 ans des titres à rendement élevé du Portefeuille canadien de fonds de revenu et de croissance EdgePoint.

1 an3 ans5 ans10 ans
Source : FactSet, Research Systems Inc. Au 31 décembre 2018. Les rendements d’EdgePoint ci-dessus sont présentés à des fins d’illustration seulement et ne sont pas une indication des rendements futurs. Ils ne sont pas représentatifs des rendements d’un fonds à revenu fixe réel puisqu’il n’était pas possible d’y investir. Les rendements d’EdgePoint sont présentés avant déduction des frais, en monnaie locale, et les estimations sont calculées en fonction des données relatives aux titres en fin de journée (leur cours boursier réel n’est pas pris en compte). Les rendements des titres à revenu fixe à rendement élevé ne concernent que les obligations à rendement élevé (cotes inférieures à BBB).

De nombreux investisseurs ont remis en question leurs idées préconçues sur des catégories d’actifs particulières au cours de la dernière année. Il n’y a pas de formule magique. Mais je crois qu’une approche de placement qui vient bousculer les hypothèses courantes et qui présente des pistes d’amélioration a toutes les chances de réussir.

Selon nous, les obligations à rendement élevé sont souvent négligées alors qu’elles offrent des possibilités à ceux qui sont prêts à faire une véritable analyse de crédit. Il est crucial de se doter d’une approche de placement à long terme rigoureuse. À EdgePoint, toutes les décisions de placement sont prises en fonction d’une analyse des entreprises et de nos points de vue exclusifs. Cette approche active s’applique d’un bout à l’autre de la structure du capital, et nous sommes convaincus qu’elle peut aussi bien faire fructifier les placements en actions que ceux dans des titres de créance.

À ce jour1 an3 ans5 ans10 ansDepuis sa création*
  • 17 novembre 2008


i Source : Morningstar Direct. Indice aristocrates de dividendes canadiens S&P/TSX. Rendement des cours sur un an. En $ CA. Au 31 décembre 2018. Les sociétés qui composent l’indice aristocrates de dividendes canadiens S&P/TSX sont celles qui composent l’indice S&P Canada Broad Market et qui sont assujetties à une politique de gestion des dividendes en vue de les augmenter.ii Source : Morningstar Direct. Indice aristocrates de dividendes canadiens S&P/TSX. Les rendements totaux sur un an comprennent le réinvestissement des dividendes. En $ CA. Au 31 décembre 2018.iii Source : Morningstar Direct. Indice composé S&P/TSX. Les rendements totaux sur un an comprennent le réinvestissement des dividendes. En $ CA. Au 31 décembre 2018. L’indice composé S&P/TSX est un indice pondéré en fonction de la capitalisation boursière qui se compose des titres les plus importants et les plus détenus à la Bourse de Toronto.iv Source : Bloomberg LP. Au 31 décembre 2017.<sup>v<sup> Source : Bloomberg L.P. Indice générique des obligations d’État à 10 ans du Canada. Au 31 décembre 2017.vi Source : Bloomberg L.P. Rendement des cours sur un an en $ CA. Au 31 décembre 2018.vii Source : Bloomberg L.P. L’échéance moyenne d’un placement dans le fonds iShares iBoxx $ High Yield Corporate Bond ETF est de 5,44 ans. Au 31 décembre 2018. Source : Bloomberg LP. Au 31 décembre 2017.