Une réflexion de second niveau en période de marchés extrêmes
Au cours de périodes de marchés extrêmes passés, nous avons publié des articles qui expliquent certains des principes qui nous aident à dormir la nuit. Dans le cadre de la septième itération de cette série, nous avons pensé utiliser la récente volatilité comme une occasion de mettre en lumière le Portefeuille canadien EdgePoint.
L’environnement actuel comporte beaucoup d’incertitude à court terme. En général, cela amène les investisseurs à se comporter de manière prévisible. Leur horizon temporel se rétrécit et ils commencent à essayer de prédire ce qui se déroulera dans les trois ou six prochains mois. En conséquence, de nombreux investisseurs ont recours à une réflexion de premier niveau en décidant d’acquérir des entreprises qui semblent sûres comme les épiceries ou les sociétés de télécommunications. Nous appelons ces entreprises des « survivants évidents ». Le raisonnement est le suivant : vous devrez continuer à faire vos courses et à payer votre facture de téléphone pendant la pandémie et quand elle sera terminée.
Bien qu’investir dans des entreprises dont la survie est évidente peut sembler confortable, nous croyons que les investisseurs sacrifient les rendements à long terme au profit d’un sentiment de sécurité perçu à court terme. Vous nous avez probablement déjà entendu dire ceci :
« Si tout ce que vous savez au sujet d’une entreprise est ce que tous les autres investisseurs savent déjà, vous ne savez rien du tout ».
La seule façon de surclasser le marché à long terme est de compter sur un point de vue concernant une entreprise qui n’est pas largement partagé par les autres investisseurs. En effet, la pensée consensuelle a fait augmenter les évaluations de ces entreprises « sûres » au point qu’elles devraient enregistrer des rendements futurs sous-optimaux selon nous. Nous avons donc pris la décision consciente de ne pas investir dans ces sociétés.
La réflexion de second niveau consiste à trouver des entreprises qui ont autant de chances de survivre qu’une épicerie, mais dont l’évaluation ne reflète aucun avenir possible. Nous appelons ces entreprises des survivants « non évidents ». De nombreux partenaires de longue date connaissent ce terme, car il décrit la façon dont nous avons investi votre argent pendant la crise financière de 2008/2009.
Qui sont les survivants « non évidents » d’aujourd’hui? Il s’agit généralement de chefs de file du marché qui disposent de longues pistes de croissance, mais dont les revenus vont temporairement ralentir. Nombre de ces entreprises peuvent tirer parti du ralentissement et en sortir plus fortes. Cela signifie qu’elles peuvent gagner des parts de marché, acquérir des concurrents ou racheter des actions à des prix attrayants. Lorsque la peur est si grande que les investisseurs évaluent une action comme si l’entreprise n’avait pas d’avenir, vous obtenez ces perspectives d’avenir gratuitement.
En investissant dans ces entreprises, nous nous sommes distingués de l’indice et de nos pairs par notre apparence et nos rendements. Il peut être inconfortable de se distinguer, mais c’est la bonne chose à faire pour atteindre le point B à long terme.
Passons en revue trois exemples d’entreprises que vous possédez dans le Portefeuille canadien EdgePoint. Elles font toutes partie des 10 principaux titres et représentent 15 % du portefeuille.
Onex Corp.
Onex constitue le plus important gestionnaire de fonds de placement privés au Canada, avec plus de 20 milliards de dollars d’actifs sous gestion. La société a été fondée en 1984 et a réussi à s’adapter à de nombreux environnements difficiles. Ses employés ont une partie prenante dans l’entreprise, le PDG détenant environ 700 millions de dollars d’actions.
Les sociétés de capital-investissement représentent le type d’entreprise que les investisseurs veulent éviter dans la présente conjoncture puisqu’en raison de leur nature, elles utilisent un effet de levier plus important. Un endettement plus élevé signifie moins de flexibilité pour résister aux turbulences. Pour aggraver les choses, Onex a investi dans une poignée d’entreprises qui sont directement touchées par le virus. Par exemple, en décembre 2019, elle a acquis WestJet Airlines Ltd, la deuxième compagnie aérienne en importance au Canada.
Pourquoi Onex devrait-elle survivre? Nous croyons que les investisseurs confondent la dette détenue par les sociétés du portefeuille d’Onex avec le risque financier qu’elle comporte. La société mère (que vous possédez) n’a pas de dette et est entrée dans la crise avec plus de 2 milliards de dollars en espèces. Onex possède un éventail diversifié d’entreprises faisant affaire dans un grand nombre de secteurs. Bien que les investissements individuels utilisent un effet de levier, ils sont tous indépendants les uns les autres. Cela signifie que si l’une de ses 35 entreprises est dépréciée, cela a une incidence limitée sur le reste du portefeuille. Pour mettre cela en contexte, même si WestJet perdait toute sa valeur en bourse, elle représente moins de 4 % des actions détenues par Onex.
À son plus bas niveau en mars, Onex avait chuté de plus de 50 % depuis le début de l’année. Elle se négociait à un prix inférieur à ses liquidités disponibles et à la valeur de son portefeuille d’actions publiques. Les investisseurs recevaient gratuitement l’ensemble du portefeuille de capital-investissement, du portefeuille de crédit et des activités de gestion d’actifs.
Il est difficile de perdre de l’argent en faisant l’acquisition d’une entreprise sans dette possédant 2 milliards de dollars de liquidités en réserve. Il n’est pas surprenant qu’Onex ait racheté activement des actions à ces niveaux.
Element Fleet Management Corp.
Element est le plus grand gestionnaire de flotte en Amérique du Nord. Les gestionnaires de flotte comme Element fournissent un service essentiel qui ne disparaîtra pas.
Que fait l’entreprise? Elle s’occupe du financement des véhicules, des réparations/entretiens et de la gestion du carburant, pour ne citer que quelques services, de nombreuses entreprises qui choisissent d’externaliser la gestion de leurs véhicules.
La majorité des clients d’Element sont de premier ordre et comptent sur leur flotte pour faire fonctionner leur entreprise au quotidien. Les clients sont extrêmement fidèles, affichant des niveaux de rétention annuels d’environ 98 %. L’utilisation de la flotte pourrait diminuer pendant cette récession, mais ce ne sera que temporaire. Les flottes de camionnettes de livraison, de camions de services publics et de véhicules transportant des échantillons pour les tests en laboratoire sont plus importantes que jamais. Il suffit de penser à tous les produits qui vous sont livrés à domicile pendant cette pandémie. Il est fort probable qu’Element gère certains de ces véhicules.
Nous croyons qu’Element est plus résistante que beaucoup d’autres établissements financiers, y compris les banques. La société est moins endettée, ses actifs et ses passifs sont appariés et son risque de crédit est faible. Pendant la crise financière de 2008/2009, les pertes de crédit ont été inférieures à 0,1 %.
Nous estimons qu’Element peut utiliser la récession pour se renforcer. Une grande partie de l’industrie gère toujours sa flotte en interne. En raison de la pandémie, de nombreuses entreprises pourraient décider d’externaliser leur flotte pour libérer des capitaux. Si cela se produit, Element pourrait augmenter considérablement sa part de marché pendant le ralentissement économique.
À notre avis, nous achetons l’entreprise à moins de 10 fois les flux de trésorerie disponibles, une évaluation intéressante pour un chef de file du secteur qui a une longue trajectoire de croissance. Le PDG d’Element semble être d’accord avec notre thèse, puisqu’il a récemment acheté des actions sur le marché libre.
Restaurant Brands International Inc.
Restaurant Brands est le franchiseur derrière Burger King, Tim Hortons et Popeyes. Trois marques emblématiques qui continueront à prospérer dans les années à venir à notre avis.
Si nos habitudes et la facilité d’acheter du café, des pâtisseries, des hamburgers et du poulet ont temporairement changé, notre amour pour ces délices n’a certainement pas changé.
Lors de son creux en mars, Restaurant Brands avait dégringolé de 65 % par rapport à ses sommets de 2019 et de plus de 55 % depuis le début de l’année. Les investisseurs sont principalement préoccupés par l’impact de la crise sur l’exploitation des magasins et par le montant important de la dette sur son bilan.
Si ces deux préoccupations sont pertinentes, nous pensons qu’il est plus important de se demander « comment la dette est-elle structurée? » et « comment les opérations à long terme sont-elles susceptibles d’être affectées? ». Il est important de prendre du recul dans des périodes comme celle-ci et de se rappeler que la valeur d’une entreprise est basée sur les flux de trésorerie qu’elle produit tout au long de sa vie et que 90 ou même 180 jours d’exploitation ne représentent généralement qu’une très petite fraction de sa valeur intrinsèque.
Bien que l’entreprise ait une dette considérable, l’échéance la plus proche n’est pas avant quatre ans. D’ici là, l’entreprise ne sera tenue de payer des intérêts que sur cette dette. Fin 2019, l’entreprise disposait de suffisamment de liquidités pour couvrir environ trois ans de paiements d’intérêts.
Permettez-moi de répéter cette affirmation : la valeur de toute entreprise dépend de sa rentabilité sur toute sa durée de vie. Imaginez que vous ouvriez un Tim Hortons aujourd’hui et que vous vous demandiez : pensez-vous que les consommateurs boiront sensiblement moins de café l’année prochaine en raison de la COVID-19? La commodité de prendre un bagel pour le petit déjeuner deviendra-t-elle moins attrayante? Qu’en sera-t-il dans cinq ou même dix ans? Aussi simples que les questions puissent paraître, ce sont là des déterminants essentiels de la valeur à long terme de cette entreprise.
Nous croyons que les gens continueront de vouloir ces petites commodités pendant de nombreuses années encore, ce qui explique en partie pourquoi nous pensons que cette entreprise démontre une proposition de valeur incroyablement durable. En outre, l’occasion de développer les trois marques au niveau mondial n’a pas disparu selon nous.
Sur la base du cours actuel de l’action, nous payons moins de 14 fois le flux de trésorerie disponibles normalisés pour l’une des meilleures entreprises du Canada selon nous. Elle comprend un modèle défensif, peu de nécessités en matière de capital, un portefeuille de marques incroyables et un très fort potentiel de croissance.
Les entreprises mentionnées ci-dessus sont des exemples d’entreprises pour lesquelles l’équipe d’investissement dispose de points de vue exclusifs et ne sont mentionnées qu’à titre indicatif. Elles reflètent notre point de vue et ne constituent pas une recommandation personnelle ou ne tiennent pas compte des objectifs d’investissement, des situations financières ou des besoins particuliers des particuliers. Groupe de placements EdgePoint inc. peut acheter ou vendre des actions dans les entreprises ci-dessus.